Stéphane est un des arbitres du club. Sans des personnes comme lui, oeuvrant la plupart du temps en solitaire, et dans l'ombre sur les autres terrains, les clubs de football ne pourraient exister. Vous le savez, cela fait plusieurs mois que Stéphane a dû mettre entre parenthèses cette activité pour s'occuper de son petit garçon. A nous de ne pas le laisser dans l'ombre et d'apporter, à lui, Nathan et toute sa famille tout le soutien possible.


Blog de l'association : llnathan.unblog.fr/


La leçon de vie de Nathan

 
 
Leur fils était âgé de 7 mois lorsque Stéphane et Céline Renaudeau ont appris qu'il souffrait d'une leucémie. Le début d'un long et douloureux combat.

Amoureusement juché dans les bras de sa soeur, Nathan assiste au spectacle des gouttes de pluie s'adonnant à une course folle sur les carreaux de sa fenêtre aux volets verts. Douce scène de la vie ordinaire vue de l'extérieur. Mais des plus rares dans ce pavillon de Marigny. Car ce jeudi n'est pas un jour comme les autres. Nathan Renaudeau, 22 mois, est à la maison, entouré de Stéphane et Céline, ses parents et son aînée, Ludivine, 10 ans. Le large sourire du petit garçon ferait presque oublier la sonde courant sur sa joue et le duvet naissant sur le haut de son crâne.

'' On ne vit même plus au jour le jour. Plutôt dans l'instant ''

Nathan souffre d'une leucémie aiguë lymphoblastique (LAL). Un cancer de la moelle osseuse, détecté lors d'un examen sanguin le 17 novembre 2009, soit sept mois après sa naissance. Depuis, Nathan a subi huit mois de chimiothérapie au centre hospitalier de Poitiers, avant de bénéficier d'une greffe de moelle osseuse au CHU de Nantes. Une année éprouvante, durant laquelle toute la famille a vécu au rythme des bilans de santé du petit dernier. Privé de ses défenses immunitaires, celui-ci a pendant des semaines été maintenu « sous bulle », dans une chambre stérile.
Aujourd'hui, Nathan est de retour dans une maison qu'il connaît à peine. Non pas que le cauchemar soit terminé, mais
 « parce que si on attend qu'il aille mieux, on ne le ramènera jamais », commente Stéphane, qui sait que le moindre virus, la plus petite bactérie suffisent à mettre en péril la vie de son fils. Un doudou qui tombe sur le carrelage pourtant impeccable et Nathan sait qu'il devra passer par la lotion désinfectante toujours à portée de main. Au deuxième éternuement, « Lulu » la grande soeur, sera quant à elle contrainte d'enfiler un masque. « Maintenant on a l'habitude, on le met comme d'autres mettent un bonnet », préfère en plaisanterle papa.
Le parc à jouets trône de nouveau au milieu du salon, mais Nathan n'y joue jamais seul. Le moindre choc et le petit garçon, dont les globules et les plaquettes sont au plus bas, risque l'hémorragie. Pour la même raison, l'enfant ne peut se risquer à faire quelques pas sans être maintenu par l'un de ses proches.

Plus de 20 médicaments

A l'âge où il aimerait galoper et découvrir le monde, Nathan, qui s'apprête à fêter ses deux ans, est toujours alimenté par sonde gastrique et reçoit chaque jour plus de 20 médicaments. Cette nuit, ce petit bonhomme dormira dans son lit à barreaux encore comme neuf. Mais à la moindre poussée de fièvre, tout le monde devra reprendre cette route parcourue tant de fois, direction Poitiers. Un semblant de vie sur le qui-vive, pour une famille peu à peu isolée et dans l'impossibilité de se projeter : « On ne vit même plus au jour le jour, mais dans l'instant », résume Céline, en admiration devant l'énergie déployée par son bébé qui n'en est déjà plus un. Il faudra attendre encore cinq ans, leur a-t-on dit, avant d'être rassuré sur l'état de santé de Nathan. Pour l'heure, Stéphane et Céline rêvent simplement qu'aux beaux jours, leur fils galope enfin dans ce jardin qu'ils s'évertuent à lui décrire depuis la fenêtre.
les soutenir
Une association pour Nathan et tous les autres

Patricia Margot, 43 ans, la soeur aînée de Stéphane Renaudeau, soutient la petite famille autant qu'elle le peut. Depuis Lageon, près de Parthenay, où elle réside, la confidente est « toujours prête à sauter dans la voiture et à partir pour Poitiers » ou à garder sa nièce, Ludivine pendant quelques jours. L'élan de solidarité formé autour d'un autre petit garçon d'une leucémie aiguë non loin de chez elle, à Saint-Aubin-le-Cloud, lui a donné des idées. Depuis, Patricia est la présidente d'une toute nouvelle association, baptisée « LL.Nathan ». « Les deux L font référence à deux autres petites filles, hospitalisées dans le même service que Nathan à Poitiers, explique Patricia. Elles nous ont malheureusement quittées l'an dernier, à l'âge de 20 mois. On ne les oublie pas. » Par l'intermédiaire de cette association, Patricia espère dans l'immédiat apporter le soutien moral et financier dont la famille Renaudeau a besoin. Et pourquoi pas à terme créer un réseau de familles, en proie au même combat.

Association « LL.Nathan » : 29, place de l'Hôtel de ville, 79360 Beauvoir-sur-Niort. E-mail : assll.nathan@aliceadsl.fr. Adhésion : 5 €

à noter
Marche symbolique le 26 mars

Le 26 mars à Beauvoir-sur-Niort, l'association familiale invite tous ceux qui le souhaitent à se joindre à la marche symbolique organisée dans la commune le jour de l'anniversaire de Nathan. Le petit garçon fêtera alors ses deux ans.

 Touchés, les métallos donnent leurs congés


Qu'est-ce qu'on peut faire de concret pour les aider ? Sur le site niortais de l'entreprise Pierre-Guérin, où travaille le père de Nathan, quelques métallos se sont posés la question.« C'était leur donner une partie de notre salaire ou une partie de nos congés », résume Jean-Marie Raineteau, 31 ans d'ancienneté.
Jean-Marie, c'est le copain d'usine que Stéphane Renaudeau a rencontré il y a plus de 10 ans. Celui qui s'inquiète pour Nathan comme s'il était son propre fils. Qui en a gros sur la patate et qui bout de colère contre « cette maladie sournoise qui fait parfois croire que ça va mieux ». Cette leucémie qui a déjà emporté plusieurs enfants dans son entourage.
Jean-Marie, c'est aussi celui qui est allé voir son directeur de site, l'an dernier. Pour lui demander si lui et quelques collègues pouvaient « donner plusieurs jours de repos à Stéphane ». Une fois le feu vert obtenu, il a fait le tour des ateliers les plus proches. Une vingtaine de métallos ont suivi. La direction y est aussi allée de sa participation, en donnant cinq jours de sa poche.
Mais aussi généreuse soit-elle, l'enveloppe a vite fondu pour Stéphane, contraint d'envisager le congé sans solde afin de rester aux côtés de son fils.

1.500 € de cagnotte

Sur les deux sites du groupe Pierre-Guérin, Niort et Mauzé, un nouvel appel à la solidarité a donc été lancé. La hiérarchie a renouvelé son geste. Au final, près de 80 jours ont été collectés. Une cagnotte, mise en place à la sortie du restaurant de l'entreprise, a également permis de réunir pour la famille Renaudeau l'équivalent d'un mois de salaire, soit près de 1.500 €
Mais pas question de fanfaronner pour Jean-Marie. Si le bonhomme est fier, c'est avant tout des autres. « A une époque où on ne parle que de profits, c'est rassurant. Ça prouve que la solidarité existe encore, même au sein d'entreprises importantes comme la nôtre. Savoir qu'on peut compter les uns sur les autres, ça fait du bien. » 
S'il souhaite que son ami reprenne son poste rapidement, Jean-Marie sait que rien n'est gagné. Alors c'est décidé, le métallo niortais renouvellera son appel. Cette année et toutes les autres. En attendant des jours meilleurs. « Je l'ai promis à Stéphane, on se fera un barbecue géant, dit-il comme pour se convaincre. Il faudra prévoir un grand champ ! Et là, il nous en faudra des jours de repos. Mais pas pour les mêmes raisons... »

la phrase

« La démarche est particulière et on ne voit pas ça tous les jours. Mais on connaît nos équipes et en ce sens, cet élan de solidarité n'est pas si étonnant. »
Si elle n'a pas à proprement parler surpris la direction du groupe métallurgique Pierre-Guérin, l'initiative lancée par leur salarié Jean-Marie Raineteau n'en est pas moins inédite dans l'histoire de l'entreprise. « Nous avons contacté l'inspection du travail, pour vérifier la faisabilité de cette démarche et ne pas donner de faux espoirs. Mais sur le principe, il nous est apparu tout à fait naturel et humain d'y accéder. »

Nolwenn Pareige - NR du 08/02/2011